Blog El Salto Diario, 19/09/2019, Comisiön de Ecología de la Red de Economía Solidaria de Cataluña (XES)

Avec la grève du climat du 27 septembre et la semaine d’actions prévue pour la semaine précédente à l’horizon, nous réfléchissons sur le rôle de l’économie solidaire dans ces mobilisations et sa capacité à contribuer à progresser vers des sociétés post-carbone plus durables et solidaires.

Il nous reste 11 ans (seulement) pour atteindre la limite de température globale admissible de la planète, et une fois dépassée, elle conduira à un changement irréversible et sans précédent du climat de la Terre qui constituera une menace pour les générations futures. Tel était le message d’urgence fort des Nations Unies (ONU) après sa 73e réunion de haut niveau sur le climat et le développement durable en mars dernier. (…)

Les impacts générés par le changement climatique sont directs et indirects, et liés à l’activité humaine, selon les preuves scientifiques. Les écosystèmes naturels sont étroitement liés à cette activité.

Face à cela, plusieurs Etats et Administrations du monde entier ont déclaré l’Urgence Climatique, un total d’environ 800, chiffre en croissance continue depuis que la ville de Darebin, Australie, a déclaré en 2016 pour la première fois cet état d’Urgence Climatique.

Parallèlement à ces prises de position institutionnelles, divers mouvements sociaux et écologiques, les syndicats, les administrations et, bien sûr, l’économie sociale et solidaire (ESS) s’articulent et se mobilisent pour réaliser des actions d’impact qui contribuent au changement de paradigme nécessaire pour affronter cette urgence. L’appel à une grève contre le changement climatique du 27 septembre et les mobilisations prévues pour la semaine du 20 au 27 septembre en sont la preuve, et de nombreux mouvements et organisations travaillent pour faire de ces appels un succès.

Mais quelle signification cela a-t-il de déclarer l’urgence climatique? L’alerte que les mouvements sociaux et environnementaux du monde mettent à l’ordre du jour de l’agenda public a-t-elle la même stratégie pour mettre un terme au changement climatique ?Est-il possible de promouvoir la paix, la prospérité et les Objectifs de Développement Durable dans un monde capitaliste global, basé sur une croissance économique linéaire, qui ne prend pas en compte les limites de la planète ? Les Objectifs de Développement Durable favorisent-ils réellement une Economie Sociale, juste, équitable et démocratiquement radicale dans le monde ?

Une ESS pour la transition éco-sociale

Face à toutes ces questions, les entités qui promeuvent l’écologie au sein de l’économie sociale et solidaire ont leurs propositions. L’ESS fait partie de l’ensemble des économies en transformation qui sont érigées comme un modèle économique alternatif au modèle capitaliste dominant et qui donnent la priorité au bien-être des personnes et de leur environnement. Ils sont donc les plus aptes à apporter une solution efficace pour réduire les impacts socio-environnementaux que notre société a générés et qui sont à l’origine de la situation d’urgence climatique actuelle.

L’ESS comprend une grande variété d’initiatives qui développent une activité économique à partir d’une base collective avec une volonté claire de contribuer à la transformation de notre société, intégrant des critères sociaux et environnementaux dans ses valeurs, son organisation et ses activités.

Au sein de l’ESS, on trouve des formules aussi diverses que des coopératives, des fondations et même des associations, qui incorporent un certain niveau de professionnalisme. Ainsi, le lien avec les mouvements sociaux de base est très étroit, dans la mesure où certaines initiatives naissent de la main de personnes liées à ces mouvements, qui décident de faire un pas de plus pour la mise en œuvre de leurs revendications sociales et environnementales, la réalisation de projets ou services liés à ces revendications ou simplement le développement d’une activité économique avec une approche plus durable.

L’ESS est une pratique économique développée dans différents secteurs de l’économie, tels que : la communication, l’énergie, la mobilité, l’agroécologie, l’alimentation, la consommation, etc. Nombre de ces initiatives sont des exemples clairs de réussite, comme la coopérative de consommation d’énergie renouvelable Som Energia, dont le travail contribue à la lutte contre le changement climatique. Issue du monde universitaire et étroitement liée aux mouvements sociaux, elle compte 60 270 membres. C’est une expérience qui permet aussi de donner aux gens les moyens de consommer des sources d’énergie renouvelables et même de participer à la production d’énergie elle-même, soit dans des installations collectives, soit comme prosommateur.

L’ESS est donc l’occasion de construire des modèles socio-économiques qui contribuent à la transition vers la société post-carbone vers laquelle nous nous dirigeons. Mais il peut y avoir de nombreuses sociétés post-carbone et diverses transitions pour les atteindre. Nous avons besoin que cette transition écologique soit l’occasion de construire des sociétés plus justes, plus équitables et plus démocratiques. Et ce processus de transition doit être rapide, car nous avons peu de temps, et s’il n’est pas mené par l’économie sociale et solidaire et d’autres alternatives, les grandes entreprises le feront.

Mais l’économie sociale et solidaire est-elle prête ? Il est important que le tissu de l’ESS se pose cette question, et considère les transitions comme une grande opportunité pour accélérer et développer ces alternatives qui ont été cultivées depuis des années. Car si nous ne parvenons pas à construire cet espace nécessaire à partir de l’ESS, nous risquons de nous retrouver avec des scénarios indésirables, de plus en plus inégaux et avec une croissance des écofascismes.

Des défis à l’horizon

Nous avons plusieurs défis à relever pour renforcer l’ESS face à la situation d’urgence climatique. Nous devons faire de la transition écologique l’épine dorsale de nos stratégies de promotion et de renforcement de l’ESS, ce qui implique, par exemple, de donner la priorité aux secteurs stratégiques pour la transition.

D’autre part, nous devons orienter l’ESS vers sa croissance, afin de générer des alternatives larges et reproductibles qui peuvent concurrencer les grandes entreprises. De même, nous devons influencer le modèle éducatif et culturel, qui promeut l’individualisme, en encourageant la coopération et la solidarité, et approfondir les liens et les alliances qui peuvent être tissés entre les initiatives économiques transformatrices et les mouvements sociaux qui luttent pour les droits sociaux, l’environnement et les urgences climatiques.

Mais, en plus des actions de transformation quotidienne que nous apportons de l’ESS dans la poursuite de la décarbonisation de nos vies et de nos activités, le grand défi est d’extrapoler ces modèles opérationnels plus écologiques et démocratiques au reste de la société. Et nous devons commencer par les entités sociales, les coopératives et les entreprises de l’ESS elles-mêmes, qui n’ont pas encore intégré une vision plus écologique et plus respectueuse de l’environnement dans leurs activités. C’est d’ailleurs l’un des objectifs pour lesquels est née la Commission Ecologie de la XES (Xarxa d’Economia Solidaria de Catalunya) : « renforcer la dimension écologique de l’économie sociale et solidaire ».

Il y a encore un long chemin à parcourir avec tout l’univers de l’ESS et des mouvements climatiques et, comme nous le soulignons, il faut l’étendre à l’ensemble de la société, étant donné l’urgence du problème et la nécessité d’apporter des réponses à court terme aux urgences climatiques.

Dans ce processus, les prochains appels à la mobilisation pour la justice climatique afin de sensibiliser et de générer le changement de paradigme nécessaire pour passer à une société et une économie décarbonisées seront essentiels. Dans ces mobilisations, nous allons rassembler des entités et des personnes diverses, et les entités de l’Economie Sociale et Solidaire doivent jouer un rôle clé comme moteur de ce changement de paradigme global.

Par conséquent, nous assumons comme nôtre la déclaration d’urgence climatique (en espagnol), et nous appelons à une mobilisation active et une participation massive à la grève mondiale du 27 septembre prochain, ainsi qu’aux activités de cette première vague de mobilisations, prévues depuis le 20 septembre.

Parce que l’économie sociale et solidaire sera durable et équitable ou elle ne le sera pas.
Car ce n’est qu’avec un engagement ferme et clair en faveur d’une économie décarbonisée que nous pourrons voir le monde dans lequel nous voulons vivre.
Nous nous retrouverons sur la Vague !