Par Jason Nardi


Le travail de communication et de visibilité de l’économie solidaire entamé par le RIPESS à travers le monde était l’objet de l’un des ateliers thématiques à Manille, en parallèle avec d’autres ateliers, comme celui du réseautage de l’économie solidaire. Il s’agit en effet d’une question cruciale, avec des implications à plusieurs niveaux, notamment à cause du fait qu’au niveau international les dissemblances d’approches et de langues sont vastes, et les ressources sont toujours limitées.

Nous avons donc commencé par les fondements, mais sans oublier qu’il y a eu un travail accompli au cours des quatre dernières années, depuis Lux’09, en particulier dans le domaine de la cartographie et l’identification des initiatives d’économie solidaire, des produits et des services, ainsi que l’élaboration d’un ensemble de critères pour permettre l’échange d’informations. Nous avons commencé par discuter les priorités communes: comment partager les expériences en matière d’économie solidaire pour apprendre les uns des autres; comment faire connaître les initiatives d’économie solidaire à la société, à l’opinion publique, aux autres mouvements, aux alliés potentiels; comment établir une carte de l’économie solidaire (ses réseaux, où ils sont, qui sont les acteurs et comment ils se connectent les uns aux autres). Mais globalement il s’est exprimé un besoin de partager une vision intégrale de l’économie solidaire avec un fil narratif clair et fort.

Il y a beaucoup d’obstacles auxquels nous devons faire face: nous n’avons pas un vocabulaire commun et certains termes (tels que « solidarité ») peuvent avoir des connotations négatives dans certains pays et cultures; le réseautage des organisations de l’économie solidaire et le partage au-delà du niveau local se heurte encore à des faiblesses notables; à signaler que des barrières linguistiques subsistent tout comme l’accès parfois limité aux nouvelles technologies, notamment internet.

Plusieurs propositions ont été faites, et quelques groupes de travail ont été constitués, ce qui permet d’envisager des progrès dans les prochains mois, au fur et à mesure que d’autres gens vont s’y impliquer. Voici quelques-unes des propositions concrètes qui ont émergé: continuer à travailler sur la «cartographie», en partageant les méthodologies, les résultats, travaillant ensemble (groupe ESSGLOBAL) et en ajoutant le rapport sur l’état de l’art; se concentrer davantage sur la communication interne pour renforcer la mise en réseau et le partage d’expériences; impliquer la jeunesse dans la mobilisation et l’engagement pour l’économie solidaire.

Dans la mesure où nous travaillons sur la construction d’une vision globale, nous avons déjà un socle commun; nous devons être une source d’inspiration et notre message doit être plus concret, sans pour autant négliger les formes «subliminales»: utiliser des récits et des exemples de solutions positives, des alternatives, des bonnes pratiques pour montrer qu’un autre monde est en train de se mettre en place. En d’autres termes, ce dont nous avons besoin ce n’est pas d’un récit fédérateur, mais de plusieurs récits que nous soyons en mesure d’acter et de diffuser, surtout à travers des vidéos. Sur le site ripess.org il existe déjà une section désignée «TV économie solidaire», mais nous pourrions encourager et mobiliser les gens –en particulier les jeunes- à produire des vidéos de courte durée: RIPESS pourrait même lancer, avec l’appui de certains de ses membres (le réseau canadien CED est prêt à le parrainer) un concours international. Il y a aussi une dimension artistique et créative de la communication qu’il faut encourager davantage.

Pour finir, et puisque nous avons discuté des alliances stratégiques, nous avons convenu qu’il est nécessaire d’avoir des liens plus forts et plus étroits avec les associations de médias (radio, télévision, journaux) et avec les militants du logiciel libre. Nous pourrions également commencer à construire une Université d’Économie Solidaire, axée localement mais accessible par internet (séminaires en ligne, e-learning, etc.), impliquant des universités, des écoles et des initiatives d’éducation populaire.

Donc les idées ne manquent pas. Nous avons juste besoin de commencer ou de continuer à les travailler. Bien sûr, les membres du RIPESS sont les premiers qui doivent s’y impliquer activement. Celles et ceux qui veulent s’y joindre peuvent envoyer un courriel sur l’adresse: info@ripesseu.net