[Josette Combes, MES France]

Du 14 au 16 septembre 2014, à l’invitation de Solidarity4all et de la coopérative Synallois. le Comité de coordination du RIPESS Europe s’est réuni à Athènes. Au cours de l’AG du Ripess, en juin 2014, deux membres de ces organisations avaient présenté le contexte grec et le sens de leurs activités pour faire face aux difficultés rencontrées par les citoyens victimes de la crise de la dette. Les mesures imposées par la Troika (c’est ainsi que les Grecs nomment l’Union européenne, le FMI et la Banque mondiale) ont abouti à une paupérisation grave du peuple grec avec une montée du chômage (fermeture d’usines, de commerces, de services) assortie d’une dégradation des conditions de travail (précarisation, bas salaires). Le comité a souhaité mieux comprendre la situation et rencontrer les personnes qui organisent la résistance au délitement des conditions de vie.

La première journée a été consacrée, en introduction, à la présentation du RIPESS aux personnes (environ une cinquantaine), membres de différentes associations ou coopératives qui s’organisent sur le territoire. Le principe de ces rencontres est de favoriser le dialogue entre les participants et de faire émerger les stratégies propices à soutenir l’initiative des citoyens pour s’organiser collectivement et créer des conditions de vie plus favorables.


A la fin du deuxième jour, consacré au conseil d’administration, nous avons accueilli Christos Giovanopoulos qui nous a présenté en détail l’activité de Solidarity4all. C’est un réseau, né en 2011 alors que les mouvements contre l’austérité étaient très intenses. Son rôle est d’aider à la structuration d’initiatives citoyennes qu’elles soient économiques ou de simple solidarité,en proposant des outils et en organisant des campagnes aux échelons locaux, nationaux et internationaux pour promouvoir les initiatives d’économie solidaire. Il s’agit des cliniques et des pharmacies communautaires, des coopératives de consommateurs et / ou de producteurs,des épiceries solidaires, d’initiatives de soutien à l’éducation et à la culture (gravement atteintes par la crise) et de systèmes de soutien aux personnes sans emploi. Au delà de la solidarité, il s’agit de mettre en place un modèle alternatif à l’économie libérale.

Pour le troisième jour, les collègues grecs avaient préparé une visite de terrain pour rencontrer quatre structures:

  1. Le docteur Gyorgos Vichas, à l’initiative de la clinique solidaire d’Hellenico a dressé l’état des lieux d’un système de santé dont la privatisation associée à la perte d’emploi ou à la précarisation des travailleurs laisse plus de 500 000 personnes sans possibilité de se soigner, avec en première ligne les migrants. Le médecin a souligné l’ineptie d’une telle incurie qui reporte en fait les coûts de la prise en charge et laisse s’aggraver des situations de santé avec des risques épidémiologiques sérieux, notamment en ce qui concerne les jeunes enfants. La clinique est installée dans des locaux mis à disposition par la municipalité qui assure les frais d’entretien logistique (le maire est affilié à Syrisa) . Tout le personnel est bénévole, médecins, infirmières, assistantes sociales. Certains sont eux-mêmes au chômage et selon le docteur Vichas, leur activité à la clinique leur permet de lutter contre les effets néfastes du chômage sur leur moral.. Il existe 42 cliniques solidaires en Grèce dont 7 à Athènes.
  2. Ilias Ziogas nous a présenté Synallois, une coopérative, créée en 2011 à l’initiative de 6 personnes souhaitant créer leur emploi avec des conditions de salaire et de travail satisfaisantes, tout en offrant des débouchés à de petits producteurs soit locaux, soit des pays de Global South (café Zapatista par exemple). La coopérative avec un budget de 350000 euros, souhaite engager d’autres coopérateurs pour mieux distribuer la charge et permettre à chacun de garder une partie du temps disponible pour des activités personnelles.
  3.  Alternative Trade Network est une coopérative très jeune (2013) qui travaille sur le soutien et la défense de la consommation responsable. Il s’agit d’aider les petits producteurs à mieux s’organiser pour ouvrir des marchés directs avec des consommateurs urbains et de sensibiliser les consommateurs à l’urgence de mieux soutenir ce mode de production notamment pour éviter les coûts environnementaux de la grande distribution.
  4. Syn-zo, est une coopérative de consommateurs, fondée en 2013 par un noyau de 7 personnes souhaitant organiser un lieu pour favoriser les solidarités de voisinage et proposer des produits de qualité venant en majorité de petits producteurs locaux. Ils diffusent par exemple les produits de BIOME l’entreprise occupée de Thessalonique. Le groupe de départ cherche à mieux répartir la charge entre tous les membres (250 familles utilisent la coopérative) et à stabiliser sa reconnaissance officielle . Il envisage de développer des activités culturelles et une coopérative d’accueil de jeunes enfants.

Le Comité remercie tous ceux qui ont préparé et accueilli la rencontre et va continuer à entretenir des liens d’échanges avec les initiatives en Grèce. Ainsi un représentant du RIPESS sera présent au premier festival alternatif de l’économie solidaire et coopérative (19,29,21 octobre). Un autre interviendra au cours de la 10°Manifesta, organisée par Animar, un des membres du RIPESS basé au Portugal , dédié au développement local. Ces rencontres renforcent le dynamisme de l’économie solidaire en Europe.

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