Les petits agriculteurs durables devraient être placés au cœur de la politique agricole de l’UE, selon un nouveau document publié en Mars 2019 par la plateforme Nyeleni pour la souveraineté alimentaire en Europe et en Asie centrale. Cette publication, qui a fait l’objet d’une publication très bien documentée, représente la position d’une coalition paneuropéenne d’agriculteurs, de paysans, de pasteurs, de pêcheurs, de peuples indigènes et d’organisations environnementales sur la politique agricole commune (PAC) de l’UE.

Le rapport souligne la situation alarmante des zones rurales et du système alimentaire dans l’UE :
Entre 2005 et 2016, le nombre d’exploitations agricoles de moins de 50 hectares a diminué de 29,4%. Plus de 4 millions d’exploitations ont disparu en seulement 10 ans.
Un nombre croissant de travailleurs saisonniers et souvent migrants souffrent de conditions de travail et de vie épouvantables.
La pollution liée aux produits agrochimiques continue d’avoir un impact négatif sur la santé publique – les résidus chimiques présents dans les aliments, les nitrates et les eaux de ruissellement du phosphore polluent les eaux et les sols.
Des niveaux élevés d’utilisation d’antibiotiques dans l’élevage d’animaux entraînent une résistance aux antimicrobiens.
La chaîne alimentaire industrielle génère environ 88 millions de tonnes de déchets alimentaires par an.
La PAC a rendu l’UE extrêmement dépendante des importations bon marché en provenance de régions aux normes environnementales et sociales bien moins strictes.

Stanka Becheva, militante pour la souveraineté alimentaire des Amis de la Terre Europe, a déclaré :
« Alors que le monde est confronté à de multiples crises environnementales et sociales, dont beaucoup sont directement liées à la manière dont nous nous nourrissons, les politiciens européens doivent écouter les petits agriculteurs durables qui peuvent aider à résoudre la crise climatique et l’effondrement du monde naturel. Les systèmes alimentaires qu’ils créent fournissent des aliments sains, abordables et locaux aux consommateurs, respectent la nature et le climat, et créent des emplois sûrs et dignes. »

Présentant la partie du rapport centrée sur les besoins de la PAC pour réussir cette transition, Geneviève Savigny, agricultrice et représentante de la Coordination européenne Via Campesina[2], affirme que  » la PAC doit apporter aux petits producteurs durables le soutien politique, économique et social adéquat dont ils ont besoin. Cela implique des prix équitables, la fixation d’un plafond pour les paiements directs et une redistribution de l’aide. Actuellement, moins de 2 % des bénéficiaires de la PAC reçoivent 30 % du budget total des paiements directs. Cela doit changer. Il faut consacrer davantage d’argent au développement rural et mettre en avant une approche collective de projets où l’agroécologie paysanne est encouragée. Et pour notre jeunesse ? Le soutien aux nouveaux agriculteurs pendant les premières années de leur activité est essentiel. »

« Ce rapport montre également les avantages environnementaux et sociaux de nouveaux partenariats locaux entre producteurs et consommateurs. Il arrive à point nommé pour montrer qu’un nouveau contrat social entre les producteurs de denrées alimentaires et les sociétés qu’ils nourrissent est très attendu et qu’il est urgent », déclare Judith Hitchman de URGENCI, le réseau international des mouvements agricoles soutenus par la Communauté.

Télécharger le rapport (en anglais) ici.