Animation de l’Atelier 3 au second Congrès du RIPESS Europe à Lille du 5 au 7 juillet 2013 Apprendre les uns des autres, préparé par Martine Theveniaut et Peter Wollny.

La multiplicité et la pertinence des résultats concrets témoignent des potentiels de l’expertise des promoteurs de projets, notamment ceux de l’économie solidaire, dans la plupart des champs de la vie économique, culturelle et sociale. Cependant ils restent méconnus, à la marge et manquent d’un appui approprié à leur développement à plus grande échelle. Comment surmonter cet obstacle ? Depuis 1998, les P’actes Européens ont fait le choix de partir d’échanges entre inventeurs sociaux, pour mener de façon continue et rigoureuse, une politique de la preuve par l’exemple. Ils ont ainsi ouvert un espace public d’échanges avec remise en circulation des enseignements. Depuis 2007, dans le cadre de la préparation de LUX’09, 4° rencontre du RIPESS en Europe, ils ont formalisé des enseignements avec la méthode du Voyage Apprenant. Ils en ont organisé 15 dans le cadre de 2 cycles de 18 mois chacun, en France et en Europe. Le choix de la mutualisation est *politique, car sur une voie incertaine, il faut comprendre par soi-même pour porter des propositions ensemble et réussir à changer l’échelle des solutions.

L’objectif de L’Atelier « Apprendre les uns des autres » est de partager les expériences des participants pour réunir une collection d’exemples, d’analyses et de propositions. Dix personnes sont présentes, venant de Catalogne, du Mali et de France, 5 hommes et 5 femmes, d’activités et d’âges variés. Le tour de table a permis de choisir 3 exemples d’un commun accord, en veillant à une diversité de situations, de pays et de contextes. Chacun est invité à suivre un même fil conducteur pour présenter son activité et en tirer des enseignements utiles pour l’action du RIPESS : À quels besoins l’expérience essaye t-elle de répondre ? Comment cela fonctionne ? Quelle est l’importance et quel est le rôle des différents partenaires ? Quels types de difficultés sont à surmonter ? Quels sont les résultats ?

Catalogne, par Joan Lluis Jornet : Dans le contexte de l’après-franquisme, des avocats veulent travailler ensemble. Ils s’organisent en coopérative pour observer la réalité et suivre l’évolution de leur environnement du côté du faible. Aujourd’hui, ils sont plus de 50 associés, en 5 groupes de travail sur les questions de santé et maladies non reconnues, sécurité sociale et droit à la retraite, droit du travail, logement, pénal-civil, économie générale et coopérativisme. Joan n’est pas d’accord qu’il faut dissocier amour et boulot. Il faut plutôt adapter ses comportements professionnels pour pouvoir les faire cohabiter (http://www.cronda.com/)

– Mali, Idrissa Sanogo : Il a une bonne connaissance du contexte propre à son pays et souhaite aller dans le sens de l’ESS. Il vient à cet atelier pour échanger, car, même avec des valeurs similaires, les méthodes diffèrent et la situation au Mali est difficile. Dans le contexte de la décentralisation, la Région de Kayes accompagne des collectivités dans le développement local des projets, comme la création d’entreprises, le maraîchage et l’élevage portés par des femmes, ou bien l’organisation des productions en filière. Cette approche ouvre de nouveaux espaces de dialogue entre échelons. Les autorités traditionnelles des villages sont inclues pour la cohabitation des légitimités.

– France, Peter Wollny : Lassé de répondre à des appels d’offre toujours plus « étriqués », de plus en plus mal à l’aise dans leur rôle de consultants, il participe dans un cadre coopératif à la mise en place d’une Fabrique citoyenne, au croisement des tiers lieux, de l’ESS et de l’innovation sociale, dans le Sud de l’Aude, aux confins de l’Ariège. Le tiers-lieu qu’il bâtit est conçu comme un espace numérique de coworking pour surmonter les difficultés d’usage, s’approprier la technologie, former, mettre en place une coopérative d’activités avec portage salarial, apporter une aide juridique, acquérir les compétences nécessaires à son métier. Le modèle économique est en réflexion, avec une partie non monétaire. Il ouvrira en septembre (www.sapie.com/‎).

Les présentations ont été suivies d’un temps de travail collectif dans l’objectif de

– se comprendre, c’est le premier pas, et un temps incompressible pour installer des relations en confiance.

– Chacun est en recherche d’améliorer les solutions aux problèmes que son expérience essaye de résoudre. Comment servir à chaque participant dans son propre contexte ?

Quelques points de vue partagés en conclusion : Idrissa Sanogo : Les 3 exemples ont besoin d’aller à la rencontre d’autres expériences pour partager et pour étalonner. Ibrahim Sarr, Réseau des horticulteurs de Kayès, Mali : il découvre une diversité qu’il n’imaginait pas, la complexité des informations, des situations… cela aide à plus de compréhension. Il a du mal à intégrer le coworking. Par rapport aux Calalans, ça demande une forme de résistance et du courage ! Madeleine Hersent, Mouvement de l’Economie Solidaire: Des initiatives de plus en plus complexes se multiplient. Nous restons assez faible sur la communication, sur ce qu’on fait et à quoi ça sert. La question, c’est l’ouverture pour faire connaitre et reconnaître. Il est important de faire remonter collectivement les difficultés pour une facilitation des pouvoirs publics. Sophie Deriquehem, Master II Economie solidaire, Valenciennes retient: Audace, se lancer pour faire avancer des choses qui ne nous conviennent pas ; prise de risque; innovation mutualisée pour espérer réussir car il y a de moins en moins de moyens, en appeler à la solidarité, être accompagné et accompagnateur. C’est ça pour moi l’économie solidaire. Avec des questions: Comment fait-on pour ne pas tourner en rond ? Quoi d’autre derrière les créations d’emploi : de nouveaux projets ? de la qualité ? des coopérations ? Comment ça avance derrière : la reconnaissance juridique ? le rôle des pouvoirs publics ? Le RIPESS Europe a t’il vocation a ne rassembler que l’ESS ou bien recevoir aussi les critiques de l’extérieur venant des autres ?

Proposition de l’Atelier: mettre cette méthode d’apprentissage les uns des autres au service de la qualité des relations de coopération au sein du RIPESS Europe dans un processus au long cours de globalisation des solidarités pour servir à faire progresser collectivement des réponses .

Compte-rendu à parti des notes, prises à plusieurs sur un même espace framapad Disponible : pacteseuropeens.fr/tiki_b/tiki-view_blog_post.php

 

21 juillet 2013 : Ouverture du Forum internet Thème 2 : Les expériences de l’ESS dans les territoires pour préparer la 5° Rencontre Intercontinentale du RIPESS à Manille aux Philippines (14-18 octobre 2013)

Cette rencontre aux quatre ans est un moment très important pour actualiser les diagnostics dans un monde toujours plus dur et interdépendant, et pour mesurer un chemin parcouru. Au Forum LUX’09 en 2009, les P’actes animaient un atelier transversal sur : « Participation démocratique et ancrage territorial d’une économie plus solidaire ». À Manila’13 ce thème de la territorialité de l’ESS est pour une première fois un axe de travail à part entière.

Ce simple constat marque une avancée très significative. C’est reconnaître qu’au-delà des spécialités, une approche concrète et transversale est une dimension majeure de l’organisation des solidarités vers un développement territorialement durable.

Invitation à contribution:

Dans ce Forum, nous partons de l’hypothèse que nous sommes tous, à des degrés divers, acteurs et praticiens d’une nouvelle économie dans un contexte territorial singulier, mais vivant et partageant des défis et des valeurs communes.

Equipe d’animation : P’actes européens, mandatés par RIPESS Europe ; Réseau Canadien de Développement Économique Communautaire (RCDEC), mandaté par RIPESS Amérique du Nord. Les autres continents sont invités à désigner des organisations pour rejoindre l’équipe d’animation. L’organisation du débat réintroduit les acquis de Lux’09: partir des expériences concrètes, dans leur ancrage territorial et contextuel autour du même triptyque : illustrer/ débattre/ proposer.

Le Forum est ouvert de juillet à fin septembre. Les contributions peuvent se faire en 3 langues : anglais, espagnol, français. Il comportera 3 étapes de deux semaines pour traiter les différentes questions proposées par le programme. Une synthèse sera produite en 3 langues et remise en circulation à la fin de chaque étape. La synthèse finale des travaux sera soumise à la validation des participants, mise à disposition sur le site du RIPESS et servira d’introduction à l’Atelier le 17 octobre (jour 3).

La collaboration avec Françoise Wautiez, site ressources de l’économie solidaire www.socioeco.org permettra de suivre, valoriser et diffuser contributions et résultats.

L’objectif final du processus d’organisation du Forum internet est:

– d’apporter une contribution collective à la vision globale à partir de l’approche territoriale des stratégies de transition

– d’introduire l’Atelier, le 17 octobre à Manila’13

– de contribuer aux décisions qui seront prises le lendemain, comme y appelle le programme: vers des engagements, des actions et des objectifs spécifiques et concrets pour 2014 2017.

Pour participer : www.ripess.org/manila2013-fr/debats/ Plus d’information : De LUX’09 à Malina’13 pacteseuropeens.fr/tiki_b/tiki-index.php

Le parcours Grundtvig PACTES (Plateforme d’Apprentissage et de Coopération vers des Territoires Européens Solidaires) se poursuit. Nous regrettons le départ de deux partenaires: la fermeture du Centre de ressources du partenaire luxembourgeois OPE en avril 2013, accompagnée de 80 licenciements, l’a conduit à résilier la convention Grundtvig. Le voyage prévu en mars 2014 n’aura pas lieu. L’organisation Sesterzo-PLIP a résilié sa convention fin avril 2013, après avoir réalisé un Voyage Apprenant très intéressant dans le monde des groupements d’achats solidaires italiens. Cette décision fait suite à sa difficulté interne de trouver un nombre suffisant de partenaires disponibles pour participer tout au long du cycle.

Le prochain voyage est programmé à Edinburgh en Ecosse, en septembre, accueilli par CBS Network, sur la thématique de l’entreprise sociale, l’approche par le capital social, l’audit et la mesure des résultats. www.cbs-network.org.uk La rencontre suivante, aura lieu à Mulhouse, accueillie par la Maison de la Citoyenneté Mondiale, du 5 au 8 décembre. Ce sera aussi l’Assemblée générale annuelle des P’actes Européens.

Plus d’information dans le bilan intermédiaire Grundtvig fin Juin 2013 : pacteseuropeens.fr/tiki_b/tiki-index.php

Informations mises en forme par Martine Theveniaut